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Si vous êtes sur ce site, c'est pour découvrir ou redécouvrir la Galline et les collines de l'Estaque. Alors, partons !

Vous êtes aux portes de Marseille et pourtant le dépaysement est total. Vous pénétrez par des gorges dans les montagnes de la Nerthe ou de l'Estaque. Le relief comme la blanche nudité du calcaire vous ont surpris. « L'effrayante lumière » vous éblouit. Bien sûr, la garrigue – reliquat d'une forêt dégradée de pins parasols et de chênes verts – ombrage les vallons et les versants. Les feux, les écobuages et les dents des chèvres ont coloré les collines du rose des cistes et des valérianes, de l'or des genêts et des argeiras, du bleu métallique des romarins. C'est au sein de cette palette que se niche la petite chapelle de Notre Dame de la Galline. 

Elle est le signe tangible et emblématique de la présence humaine qui s'est accrochée à ces lieux qui semblent désertiques et pourtant, depuis des millénaires (paléolithique) des populations discrètes ont vécu ici. La présence d'un habitat permanent est attestée dans ces collines qui plongent dans la Méditerranée et l'étang de Berre. Les fruits d'une mer poissonneuse complétaient pour eux la chasse et la cueillette et permettaient de nourrir ces sites défensifs, de guet et de refuge. Les grottes, nombreuses, les oppidums (l'Estaque, Martigues, la Cloche, Verduron, …) et les habitats isolés ont longtemps été ignorés. Marseille, la grecque et la romaine, était la seule digne d'intérêt. 
Sans discontinuer, une vie rurale depuis le néolithique avec l'agriculture et l'élevage s'est perpétuée, sans grande modification jusqu'à nos jours. Depuis l'Antiquité, le terroir est resté divisé en deux parties inégales :
- l'ager – zone relativement fertile – avec le blé, la vigne, les oliviers, les pois chiches et le jardin potager.
- le saltus – zone quasi sauvage – de garrigue où sont menés les troupeaux des célèbres chèvres du Rove. Cette zone non cultivée permettait aussi de pratiquer la chasse et la cueillette : bois, fagots, charbon de bois, herbes sauvages et aromatiques, asperges, champignons, tan, vermillon... D'ailleurs, l'étymologie de la Nerthe pourrait être « Nerte » ou « Ners », lieu où l'on fagotait pour les litières ou fagots pour allumer le feu. Quoi qu'il en soit, tous ces produits apportaient quelques sous sur le marché marseillais, comme les célèbres limaçons.
Cette dualité des ressources explique la pérennité d'espaces naturels et ruraux aux abords de la ville industrialisée.  C'est cette permanence de la vie traditionnelle qui a attiré et attire encore aujourd'hui nombre de visiteurs.

Dès la fin du 19ème siècle, les collines attirent comme le littoral. Le succès des bains de mer est en phase avec la sortie des excursionnistes à la recherche de la nature. Les sentiers sont hantés par des marcheurs à la quête d'air pur et de verdure. Rappelons à ce sujet le cri d'horreur de Cézanne : « Malheureusement ce qu'on appelle progrès n'est que l'invasion des bipèdes qui n'ont de cesse qu'ils n'aient tout transformé en odieux quais avec des becs de gaz et – ce qui est pis encore – avec éclairage électrique. » Les peintres commencent à s'intéresser à ces paysages qui échappent au pittoresque traditionnel comme Lubon, Guigou, Monticelli puis, bien sûr, Cézanne, Braque et Derain. La lumière, les couleurs, les formes sont redécouvertes. 

Cet intérêt s'inscrit dans un mouvement beaucoup plus vaste, celui des loisirs à la campagne. Riches comme pauvres fuient la ville pour la bastide ou le cabanon, ou simplement le déjeuner sur l'herbe ou au bord de l'eau. Ce phénomène social est commandé par le repoussoir de la ville surpeuplée et polluée. La multiplication des moyens de transport facilite d'ailleurs ces mouvements : le Côtier à vapeur sur la future Côte Bleue (1880) et tramways à vapeur puis électrique (dès 1900) desservent l'Estaque, mais c'est surtout le chemin de fer avec le PLM (Gare de l'Estaque, 1851) puis la ligne de la Côte Bleue au début du 20ème siècle. 

La multiplication des associations et groupements à vocation sportive, musicale, artistique, politique ou religieuse entraîne leurs adhérents à travers les collines ou dans les restaurants du bord de mer (Hôtel Mistral, Château Fallet). La bouillabaisse devient la madeleine des touristes. Parmi ces groupes, nous n'en retiendrons que deux : 
- l'Escolo de la Nerto fait revivre la tradition provençale à la suite de Frédéric Mistral par la musique, la poésie, la langue mais aussi la redécouverte des sites patrimoniaux. Cette association a accompagné la renaissance de Notre Dame de la Galline en réanimant le pèlerinage traditionnel.
- la véritable renaissance date de 1904, où l'Abbé Agnel et le journaliste Odysse Richemont font rayonner le pèlerinage à la chapelle tous les 8 septembre. Sa popularité dépasse largement le bassin de Séon pour attirer des foules (jusqu'à 4 000 personnes !).

La Galline retrouve aussi ses racines en ravivant ses mythes. On apprend désormais aux enfants des patronages que Sainte Marie-Madeleine et Saint Lazare ont débarqué aux Saintes Maries de la Mer et ont traversé les collines pour se rendre à Marseille en évangélisant les populations. Les ermites Jean-Baptiste et Antoine créent la première chapelle au tout début du christianisme. La protection de la Vierge est attestée par le témoignage des ex-voto qui tapissent depuis des siècles les murs de la chapelle. Et la présence de l'antique statue de la Vierge est toujours vénérée. Ce pèlerinage devient une véritable fête patronale qui, au delà de son rayonnement religieux, attire toujours les foules pour jouir d'une partie de campagne.

Aujourd'hui, la chapelle demeure ce lieu de pèlerinage où la messe est toujours célébrée le premier samedi de chaque mois. C'est aussi un lieu de mémoire où chacun, pour des motivations différentes, vient passer un moment. Les gens du quartier se souviennent de leur enfance (sortie du patronage, colonie) ou des réunions politiques ou artistiques dont leur ont parlé leurs parents ou grands parents. C'est cet attachement à ce site qui, dans les années 1980, a insufflé une nouvelle énergie à la restauration de la chapelle. Gaston Defferre (ancien maire de Marseille) ainsi que  le travail et le don des bénévoles ont non seulement sauvé de la ruine cette vieille bâtisse, mais ont permis de mettre en valeur le site et l'architecture du bâtiment. L'association Notre Dame de la Galline a ensuite pris en charge la restauration des œuvres conservées à l'intérieur de la chapelle, comme la statue, les ex-voto, les tableaux.


Pour conclure, la chapelle est un peu tout cela : un lieu de mémoire, un ilot de paix et de verdure où toutes les sensibilités peuvent se retrouver, en particulier lors d'une marche ou les jours d'ouverture de la chapelle. La richesse d'un passé bien vivant, où une certaine vibration, tant esthétique que sentimentale, est encore perceptible.